Où Antinos part vers d'autres cieux

Ulysses and the Sirens (1891). Oil on canvas, 100.6 x 202 cm (39.6 x 79.5 in). National Gallery of Victoria, Melbourne

Au bout de plusieurs semaines, la rançon était enfin arrivée. Un envoyé d’Athènes l’avait transportée et à charge pour lui de ramener les captifs à la cité. A vrai dire, personne n’y avait vraiment cru, jusqu’au dernier moment, jusqu’à ce que le coffre empli d’argent fut ouvert.

Un tel dénouement inattendu ne pouvait que se conclure par des libations, un banquet tout au moins. Après leurs quatre mois de captivité, des liens s’étaient créés entre les deux athéniens et leurs geôliers. Tous n’avaient pas mesuré l’épaisseur de ces liens.

À la fin du repas, Eurykléia et Antinos se levèrent et annoncèrent à l’assemblée leur décision. Antinos ne rejoindrait pas Athènes, ne serait plus le pugile. Eurykléia cesserait d’être la sirène des brigands, attirant les marins esseulés dans les griffes de sa bande de détrousseurs.

Ils avaient décidé de quitter les rives du Pont-Euxin pour vivre leur aventures dans des terres où la diaspora grecque n’avait pas encore la mainmise. Vers l’est, vers le nord.


Archibald Chase, Rennes, le 14 janvier 2025