Petit-déjeuner littéraire — Perrine Tripier




Autour de son roman Conques
Les morgondes sont un peu des vikings que l’on n’aurait pas découverts
La légende comme stratégie politique, et donc une compromission que Martabée ne refuse pas dès le départ.
Conque, un mot que sonne mal. Gallimard n’était pas d’accord avec le titre au départ.
C’est un peu mon défaut, j’aime bien les adjectifs
Personnage de l’empereur, Caligula, Néron, fantasque mais aussi inquiétant.
Le secret était nécessaire. Le plus terrible est que ça pourrait exister, être vrai
L’empereur est grotesque et inquiétant, le grotesque est toujours inquiétant
Goût pour les descriptions mais celles-ci doivent être vivantes, couleurs, odeurs sensations.
Un héroïne face à ses fantômes, que l’on retrouve dans les deux romans de Perrine Tripier. Destruction d’un age d’or.
La lettre M, très présente, Morgondes, Martabée, Malaise... Consonance fermée.
La mer est aussi très présente. La mer est ce qui ramène des choses, des choses que les Morgondes ne voulait pas forcément voir revenir.
À la fin on referme le couvercle, c’est glaçant
Petit-déjeuner littéraire — Perrine Tripier Rennes, le 19 octobre 2024
« Les Morgondes sont un peu des Vikings que l’on n’aurait pas découverts. »
Ce samedi matin, autour d’un café, Perrine Tripier évoque ses romans avec une franchise vive et une ironie douce. Elle parle de Conques comme d’un texte habité par les fantômes — ceux de l’histoire, ceux de ses personnages. La légende y est une stratégie politique. Martabée, son héroïne, ne la refuse pas, mais compose avec. Il y a une part de compromission, un jeu avec les récits fondateurs.
Le titre lui-même, Conques, n’a pas fait l’unanimité chez Gallimard. « C’est un mot qui sonne mal », admet-elle en riant, comme si le malaise faisait partie intégrante du projet littéraire. D’ailleurs, dit-elle encore : « C’est un peu mon défaut, j’aime bien les adjectifs ».
Elle évoque ses figures d’empereurs — Caligula, Néron — fantasques, grotesques, inquiétants. Le grotesque est toujours inquiétant, insiste-t-elle. C’est ce trouble qui l’intéresse, cette tension entre la mise en scène du pouvoir et la folie qu’il engendre.
Ses descriptions sont précises mais jamais figées : elles doivent rester vivantes, faites d’odeurs, de couleurs, de matières. L’écriture cherche à restituer la densité sensorielle du monde.
D’un roman à l’autre, on retrouve cette même figure féminine confrontée à ses fantômes, à la fin d’un âge d’or. Martabée ne fait pas exception.
Il y a aussi cette lettre M qui revient sans cesse — Morgondes, Martabée, Malaise — comme une résonance fermée, une vibration sourde. Et la mer, omniprésente. La mer qui ramène toujours quelque chose à la surface, même ce qu’on préférerait oublier.
« À la fin, on referme le couvercle. C’est glaçant. »