Binic folks blues festival — 2025

Portrait d'une festivalière

J’ai choisi la solution transports en commun et logement à St-Brieuc. Ce n’est pas optimal mais comme je me suis décidé hier, plus rien à louer aux alentours de Binic. Donc hôtel à St-Brieuc.

Pour l’instant, je suis dans le TER, la voiture est vide, si ce n’est une dame et sa fille. Elles jouent à des jeux à gratter. J’ai mis ma musique, je n’entends pas ce qu’elles se disent.

« Les mots se dressent face à nous. Ils ne parlent plus, ils communiquent, ordonnent, réduits à menacer, à sanctionner un doigt d'honneur, une poêle à frire ou du sérum physiologique dans un sac à main. »

Parler, écrire à propos de cette gamine placée à l’ASE dans un hôtel, où elle s’est suicidée. 15 ans, Clermont-Ferrand, de mémoire.

Insupportable.

Je reviens à Lola, son prénom, toujours de mémoire. La loi, le juge des enfants l’avait confiée au Conseil départemental et même au président de ce conseil. Les mots ont un sens. Confiée. Qu’attend-on d’une personne à qui on confie un enfant ? Qu’elle lui trouve un toit, mais il faut que ce soit le moins cher possible. Un gérant et un gardien de nuit pour assurer le minimum de sécurité. Apparemment ils sont allés en deçà du minimum.

Mes voisines de voyage se sentaient tellement bien dans le train qu’elles ont bien failli oublier de descendre. Sortie en catastrophe à Yffiniac.

Déplacement Saint-Brieuc — Binic épique, le bus est bondé, pas assez de place pour tout le monde. Quelques personnes restent à l’arrêt, et sous la pluie. Comme souvent, j’entends quelques bribes de conversations. Ce jeune type qui n’arrête pas de parler des darons, qui dans sa bouche sont vraiment les has been par excellence. « pas couché à 21 heures et buvant des petits blancs ». Je dois me sentir visé, en tout cas ils commencent à me gonfler.

Je dois devenir un vieux con.


J’ai raté les Left Lane Cruiser. Le bus que j’ai pris arrivait déjà tard sur le site du festival mais il a pris en plus une bonne demi-heure de retard.

Je commence par m’installer à une terrasse du port. Pas envie de rentrer directement dans la zone du festival. Ici, la plupart des gens ont une bonne quarantaine. Ça doit être une question de pouvoir d’achat.

19:00 J’ai déjà fait pas mal d’allers-retours entre les deux scènes. Quelques bières aussi. Mais surtout pas mal de photos. Avec ou sans autorisation préalable. Plusieurs personnes me demandent où ils pourront voir les photos. Anne m’avait conseillé de faire des cartes à distribuer dans ce cas-là. Je ne l’ai pas fait pour l’instant.

Rencontre avec les Left Lane Cruiser
Portraits de festivaliers

Au niveau musical, rien qui ne sorte vraiment du lot. En plus des photos de spectateurs, j’ai fait quelques photos de scène. Il fait encore jour mais ça reste compliqué, la distance et surtout ces têtes devant qui bouchent quasi systématiquement une partie du champ. Je crois que je préfère photographier les spectateurs, et les spectatrices encore plus.

Mon focus est réglé sur le point central du champ, le diaphragme ouvert en grand. Donc s’il y a plus d’une personne sur la photo, seul le centre, où j’essaie de mettre le personnage principal, est net. Je vais laisser ça comme ça.

Rencontre avec les Left Lane Cruiser

Au cours de mes allers et retours entre les deux sites je suis tombé sur les Left Lane Cruiser. Ils étaient déjà en train de discuter avec des spectateurs, ou plutôt des fans.

Rencontre avec les Left Lane Cruiser

20:00 J’ai faim et j’ai besoin de reposer mon dos. Je m’assois dans le premier resto que je trouve sur ma route. Quinze bonnes minutes plus tard, pas la moindre trace de service. Je m’en vais, à regret. Une brasserie sur le port. Carte très pauvre. Ce sera moules au bleu, frites.

J’ai déjà un bon stock de photos, de rencontres fugaces, de sourires. Je commence à détecter les personnes qui ont envie d’être prises en photo.

Groupe 1
Groupe 1

23:40 Mon dos m’a lâché, la fatigue s’est aussi un peu installée. Je me suis assis deux fois presque au sol et plusieurs personnes se sont inquiétées de mon état. J’ai l’air d’un vieux.

Côté photo, je ne suis pas mécontent. Pas forcément sur les concerts eux-mêmes mais sur les spectateurs en demande ou juste consentants. Mais tout ça s’est interrompu avec la nuit.

Étonnantes rencontres, une femme avec un déambulateur au milieu de la foule. Bien sûr des enfants et des gens largement plus âgés que moi.

On arrive à l’heure des disputes alcoolisées.

00:30 Navette de retour. Tout à fait dans la continuité de la soirée. Les voyageurs sont encore très excités, chants, performances…


Archibald Chase, Saint-Brieuc, le 27 juillet 2025