On tue le cochon
Un plat, ce n’est pas vraiment un plat mais la promesse d’une année entière de délices. Mais pour cela, il y a un prix à payer, une tuerie. Ça a commencé la veille, la victime a été désignée, mise à l’écart. Il faut qu’elle soit à jeun.
Le petit matin est le moment du sacrifice. J’essaie de ne pas être trop près, ne pas être témoin. On pourra appeler ça comme on veut, lâcheté, sensiblerie.
Ensuite, tout s’enchaine très vite. Ce qui ne peut pas attendre d’abord. Le sang devient boudin, les entrailles, andouillettes, pâtés de tête. Toutes ces recettes vernaculaires qui n’appartiennent qu’à un canton, un village voire un hameau, une famille.
Chez moi, c’était les rillons, je ne sais pas exactement de quel morceau il s’agit mais il était cuit longtemps, dans le saindoux. C’est le morceau de fête par excellence, ni conserve, ni congélateur, ni savant salage, séchage. Non, les rillons c’était pour aujourd’hui dès qu’ils auraient passé suffisamment de temps à cuire et à refroidir.