Le chat dans la vitrine

C’est d’abord le chat qui avait attiré son attention. Quelque soit l’heure où il passait devant la boutique, il était là, dormant comme ces félins paresseux savent le faire. Il avait fini par se persuader que l’endroit n’était occupé que par l’animal. Évidemment c’était stupide. Un chat est complètement inapte à la surveillance et d’ailleurs il n’y avait rien à surveiller.

Un bureau, une chaise, un téléphone. Rien d’autre et jamais personne. Du moins lors de ses passages à heures régulières. Donc la chasse était ouverte, débusquer l’homo sapiens qui utilisait ce lieu était devenu une obsession. Les différentes heures de la matinée n’avaient rien donné, pas plus que l’après-midi d’ailleurs. Restait la nuit.

C’est donc vêtu tel un monte-en-l’air, vêtements noirs, près du corps, noirs, capuche de la même couleur qu’il se mit en planque dans le renfoncement d’une porte visiblement condamnée. La nuit était tombée, une bonne heure s’était écoulée. Plusieurs fois, il avait sursauté, mais, fausse alerte. Et peu avant minuit, elle arriva, entra dans la boutique, rempli rapidement la gamelle du chat, changea l’eau de son bol et reparti aussi vite qu’elle était arrivée. Son poste d’observation ne lui avait pas permis d’en voir plus. Une silhouette, visiblement féminine, quelques gestes mécaniques à l’intérieur et un rebrousse chemin d’où elle était venue. Pour ce soir, il n’en saurait pas plus. Un autre apparition était plus qu’improbable.

Pourtant une boutique dont le seul objet était de servir de coussin démesuré à un chat n’avait strictement aucun sens.

Donc, la traque devait continuer. Il allait s’équiper pour parer à toute éventualité. Il avait même pensé à installer des cameras pour une surveillance continue.