La réponse à la lettre

Monsieur le Maire,
Votre courrier, si je peux le nommer ainsi, m’a littéralement atterrée.
Le cynisme du ton, entrecoupé de formules de politesse feintes ne me
laisse aucun doute, vous voulez me faire passer pour folle.
Vous n’étiez pas présent en personne mais la masse visqueuse et gluante
qui a tenté de m’assassiner n’a pas choisi sa proie au hasard. C’est
bien à la niçoise égarée dans la plouquerie septentrionale qu’on en
voulait. Oui, j’ai de l’argent, je ne présente pas en public en
guenilles, et j’ai bien vu vos sbires grimés en maîtres nageurs
orchestrer le lynchage dont j’ai été victime. Je faisait tache dans
votre minable décor.
Les gendarmes, d’ailleurs, ont accueilli ma plainte avec une
bienveillance qui les honore. Ils m’ont assuré que des suites seraient
données à cette terrifiante affaire et ont immédiatement informé
Monsieur le Procureur. Celui-ci a poussé si loin ses investigations
qu’elles ne sont toujours pas terminées. C’est ce que j’en conclus
puisque ni moi ni mes avocats n’avons reçu de nouvelles à ce jour. Je
m’étonne d’ailleurs que je torchon que vous avez daigné me transmettre
ne fasse pas état de la procédure judiciaire en cours.
Espérant ne vous revoir que menotté au tribunal, veuillez recevoir,
Monsieur le Maire l’expression de mon mépris.