Couvre chef

Je fus indispensable. Comment sortir tête nue. Ça ne se faisait pas. Béret, fichu, melon et autres hauts de forme, chacun choisissait le sien. Bien sur, on avait pas vraiment le choix. La casquette pour l’ouvrier ou le cultivateur, un simple tissu pour les domestiques. Les riches, eux, changeaient en fonction de leurs occupations.
Et puis sont passées les guerres, l’évolution des mœurs comme ils disent. Je suis petit à petit devenu un accessoire. On ne me sort que pour les grands occasions ou pour se déguiser. Qu’ils sont ridicules ces spectateurs de tennis portant tous le même canotier, fourni par un sponsor quelconque.
Au temps de ma splendeur,lors d’un évènement où on voulait se montrer — on parle bien de cela — il fallait faire preuve de démesure, de grandiloquence. Rien à voir avec cette uniformité déprimante.
Même pour la messe, j’étais le porte parole de ces dames. Discrétion, mélancolie, deuil, bonheur exubérant, voire même indécente volupté, je pouvais tout exprimer. Exprimer, mais sans le dire tout haut, comprenne qui pourra.