Kronos

Kronos, peinture sur un vase grec

Le temps, c’était le principal object d’étude de Kronos. De tout temps — on fait ce qu’on peut avec les mot à disposition — il avait eu des problèmes. La semaine dernière, de vendredi à lundi, il avait été à l’école. Demain, il était arrivé en retard en cours. Dans son esprit , le point de départ était toujours aujourd’hui, maintenant. À partir de là, dans un sens ou dans l’autre, les évènements prenaient place.

Il ne savait trop que faire de cette aptitude si particulière, maitriser l’écoulement du temps. Les gens ne s’en rendait pas bien compte mais on comprenait bien mieux la nature du monde quand on l’observait comme ça. Depuis ici et maintenant. Pas besoin de mettre ses vêtements à laver, ils sêcheraient tranquillement hier pour être portés demain. Pas besoin de faire attention de ne pas tomber dans le couloir de l’école, la maîtresse l’observant depuis la direction opposée sera là pour le rattraper. Elle y mettait parfois de la mauvaise volonté et se trouvait au mauvais moment.

Donc ce super pouvoir était globalement inutile. Personne ne s’en rendait compte. Alors, de guerre lasse, il avait finit par l’apprivoiser. De temps en temps ça lui échappait encore, les week-ends commençaient le dimanche et finissaient le vendredi soir. Il déjeunait parfois ce soir. Mais pas grand monde n’y prétait attention.

Et il rencontra Albert. Pour Albert aussi, le temps n’était pas une rivière tranquille s’écoulant uniformément.


Archibald Chase, Rennes, le 27 mai 2025